Décroche moi la lune de Sarah Dessen

J'aime beaucoup Sarah Dessen. Vraiment beaucoup. Elle est l'une des rares auteurs dont je lis les livres parce que c'est elle qui les a écrit. D'habitude, je suis une série, tome après tome, et si je m'intéresse vaguement aux autres romans de l'auteur, si je n'accroche pas au résumé ou à la couverture, je n'insiste pas.
Sarah Dessen, elle, même si le résumé ne me tente pas, même si l'histoire ne me dit rien, je fonce, sans hésiter. Parce que je sais que je vais adorer.
J'adore sa manière de faire vivre ses personnages, de les rendres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses. De ne pas les rendre parfait. Juste vrais. Elle a un talent incroyable pour décrire les sentiments, qui fait qu'en lisant, on ressent totalement ce que ressentent les héroïnes.
Les livres de Sarah Dessen ne sont pas des histoires d'amours (même s'il y a toujours une petite romance qui traîne quelque part), ni des histoires d'aventure. Il n'y a pas de méchants ou de gentils. Ce sont des histoires de vie, simplement. Des histoires qui explorent les milles et une facette des relations familiales, nous permettant ainsi de plonger au plus profond de ce que ressentent les personnages et de mieux les comprendre. Et parfois même, de mieux nous comprendre nous-mêmes.
Comme je le disais, j'aime beaucoup Sarah Dessen, et j'adore ses livres. Chaque année, j'attends la sortie de son nouveau roman, et je pars l'acheter, sans me poser de questions. Et puis en deux trois jours (pour faire durer le plaisir), je le dévore et j'en ressors des rêves plein la tête. Cette année, ce livre, c'était «Décroche moi la lune».

Un livre qui sent bon les vacances et le soleil, avant même qu'on ne commence à le lire.

« Emaline a le petit ami idéal. Luke est beau, gentil et drôle, et, comme elle, il a grandi à Colby, une petite ville balnéaire. Soudain, pendant l’été qui précède son entrée à l’université, Emaline se demande si cet idéal est bien le sien, surtout lorsque Théo fait son entrée. Ambitieux, sophistiqué, cool, New Yorkais, il est assistant pour un documentaire sur une célébrité locale. Son arrivée chamboule le coeur d'Emaline qui se met à douter de ses sentiments pour Luke... Le père de la jeune fille, souvent absent et indifférent à sa vie, se met pourtant à lui conseiller de partir étudier dans une université réputée mais éloignée. Devant toutes ces promesses d'avenir, Emaline ne sait que faire, entre son attirance pour cette nouvelle vie et les racines qui la retiennent auprès de sa famille aimante et de Luke. Saura-t-elle s’y arracher, et surtout, comment obtenir un équilibre entre là d’où elle vient et là où elle va ? »

En lisant ce résumé, j'étais moyennement emballée. J'avais le pressentiment que ce livre n'allait pas atteindre le niveau des autres petits trésors que nous a déjà offert Sarah Dessen. Je n'avais pas totalement tort, même si j'ai adoré lire ce livre, il est loin de pouvoir détrôner mes préférés («Toi qui a la clé», «Te revoir un jour» et «Au bout du rêve»). 

On retrouve donc Emaline dans la petite ville de Colby. Les vacances d'été commence, ce qui pour elle, est plus synonyme de travail que de détente. Mais l'été s'annonce riche en changements et en événements improbables.

D'un côté Théo entre dans sa vie, détruisant la relation stable et presque trop parfaite qu'elle avait avec Luke. Je n'aime pas Théo. Tout au long du livre, il m'a agacée, il ne laisse jamais parlé les autres et ne s'intéresse pas à leur avis mais, pire que tout, il fait semblant de s'y intéresser. C'est le genre de personnage qui m'insupporte et je suis satisfaite de comment ça a terminé pour lui. Au final, Théo ressemble à beaucoup de personne qu'on peut rencontrer dans la vraie vie, et pour une fois, il ne lui est arrivé que ce qu'il méritait.
A cause du côté agaçant de Théo et du côté un peu mollasson de Luke (qui aurait peut-être mérité qu'on s'attarde un peu plus sur lui dans l'histoire, parce que je n'ai pas pu vraiment m'y attacher tout en réalisant qu'il était adorablement gentil et sympa comme garçon), je n'ai pas vraiment accroché aux histoires de cœur d'Emaline. Par contre, niveau romance et tendresse, énorme coup de coeur pour Daisy et Morris. Et c'est surprenant d'ailleurs, puisque sur tout le livre, il ne doit pas y avoir beaucoup plus de 20 lignes qui leurs sont consacrés. Mais ils sont adorables, et même si leur rôle secondaire met leur couple en retrait, énormément de tendresse, d'amour et de bonheur s'en dégage. Le couple qui fait rêver dans ce livre, c'est eux deux. Et c'est magique.

En parallèle avec tout ça, le père d'Emaline réapparaît après des mois de silence et toute une vie d'absence.
Ce que je préfère dans les histoires de Sarah Dessen, ce sont les relations familiales. Et cette fois encore, je n'ai pas pas déçue.
Emaline vit dans un schéma de famille recomposée.
D'un côté, il y a sa mère, qui l'a eue très jeune et qui s'est remariée avec un homme (le papa d'Emaline), qui avait déjà deux filles (ses soeurs, avec qui elle a grandi, mais avec lesquelles elle ne partage aucun lien de sang). C'est sa vraie famille, ceux avec qui elle a toujours vécu, ceux qu'elle aime et qui l'aiment.
De l'autre, côté il y son père (et pas son papa), qui ne l'a jamais connu bébé, et avec lequel elle a commencé à tisser des liens fragiles vers ses 10 ans. Un père absent, avec lequel elle communique peu. Et il y a Benji.
Benji, c'est le petit frère d'Emaline. Son demi-frère, qu'elle n'a jamais vraiment connu. C'est aussi mon personnage préféré dans ce livre, parce qu'il est gentil, mignon, intelligent et tellement en demande d'amour.
Tout au long du livre, on suivre Emaline qui tente de construire une relation avec son père, sans y parvenir. Mais on va aussi voir se construire une relation entre elle et Benji. Le petit Benji qui doit faire face à la séparation de ses parents, à la défaillance de son père qui s'y prend mal pour s'occuper de lui et qui va se rapprocher de sa sœur.

«Je n'avais aspiré, de sa part, qu'à cet amour inconditionnel, cette connexion intense, innée et unique, que l'on reçoit habituellement de la part de sa famille. Pour une raison inexplicable, mon père n'avait pas été capable de me le donner. Mais il m'avait donné Benji, et j'en ressentais du bonheur.»

Au final, ce livre était une petite touche de douceur pour ce début de vacances, dont j'ai bien profité et qui me laisse rêveuse. Ce n'est pas un grand roman, qui me marquera pour toujours et qui changera ma vision du monde. Il n'y a pas réellement d'intrigue ou de fil conducteur. Mais c'était une petite parenthèse agréable. Quelques heures de lecture qui m'ont fait partir à Colby, passer un été en compagnie d'Emaline et de ses amis. Donc vraiment, si vous cherchez une lecture légère pour passer le temps et vous échapper un peu du quotidien, je conseille!
Par contre, si c'est pour découvrir Sarah Dessen, je conseille de commencer avec un autre.